D’abord, un état budgétaire sur les comptes financiers 2021 montre que l’établissement a terminé l’année sur un excédent de 13 M€, là où un large déficit était anticipé et avait donné l’argument (le prétexte ?) à la politique de réduction de postes titulaires que l’on sait. Cet excédent est conjoncturel, dû à plusieurs causes dont les conséquences de la crise COVID mais aussi les difficultés de recruter sur des postes contractuels, bien évidemment, non attractifs. Cet excédent montre, comme nous l’avions indiqué en CA en décembre, que la politique de réduction d’emplois titulaires n’était ni urgente ni, en réalité, nécessaire.

Nous avons rédigé avec la CGT et l’UNEF la déclaration suivante que nous avons exposée en CA :

« Le compte financier fait apparaître pour 2021 un excédent de 13 M. Cet excédent, qui succède à celui de 2020, remet en cause de facto le processus de réflexion sur la trajectoire financière de l'établissement tel qu'il a été conduit depuis plus d'un an. Il conforte l'analyse que nous avions faite lors des derniers CAs, montrant que le temps existe pour réfléchir collectivement et sans précipitation aux différentes réponses possibles à l'insuffisance des dotations de l'établissement, et que la réponse proposée n'est pas la seule - et pas la bonne. Il illustre également l'impasse où conduit une politique de recrutement qui s'appuie fortement sur des emplois précaires, non attractifs et ainsi souvent non pourvus. Nous demandons que soit reconsidéré le plan de réduction d'emploi titulaire contenu dans la trajectoire financière votée en CA en décembre 2021 ».

 

Nous n’avons reçu aucun soutien à cette position : nous sommes les seuls, apparemment, à s'être intéressés à cet excédent, à ce qu’il révèle et à ce qu’il pourrait permettre comme retour à l’embauche de titulaires et d’amélioration des conditions de travail pour les personnels et d’études pour les étudiant·e·s de notre université !

 

Ensuite, il est apparu que la présidence de l’UGA est prête à s’engouffrer dans les tristement fameuses « chaires de professeur junior » (CPJ). Ces chaires sont un véritable cadeau empoisonné, une version moderne du plat de lentilles qui va conduire l’UGA, pour 2 ou 3 chaires au mieux chaque année – et en parallèle aux 30 postes de titulaires perdus annuellement par la politique de gels/"différés" – à vendre l’âme du service public.

 

Nous avons rédigé avec la CGT et l’UNEF une motion :

« Le conseil d'administration de l'Université Grenoble Alpes, réuni le 15 mars 2022, rappelle son attachement profond au statut de la fonction publique et aux modalités de recrutement des fonctionnaires, enseignant·es-chercheur·ses, chercheur·ses et Biatss. Il marque sa défiance devant tout dispositif qui menacerait le statut des collègues travaillant dans les universités et introduirait des disparités: chaire de professeur junior, CDI de mission scientifique. Il demande à son ministère de tutelle la création massive d’emplois de titulaires pour faire face aux besoins d’enseignement et de recherche dans le cadre d’une augmentation importante des effectifs. Il décide de ne pas recourir aux dispositifs des chaires de professeur juniors, ainsi qu'aux CDI de missions scientifiques ».

 

Cette motion n’a pas été soutenue par le SGEN-CFDT (qui a pourtant une position compatible au plan national !), l’UNSA et le SNPTES, et la présidence a même refusé, malgré nos protestations, de la mettre au vote. L’argumentaire présenté par la présidence pour défendre les CPJ – sans opposition des autres OS qui se sont abstenues en CA – est pitoyable. Il fait appel à des arguments de pur enrobage, arguant de l’attractivité des chaires (!), des 96 h d’enseignement qu’assureront les lauréats et qui  « renforceront le potentiel d’encadrement du site » ( !!), et des « projets collectifs » sur lesquels devront s’appuyer les recrutements ( !!!). Le paquet cadeau est d’autant plus beau que le poison à ingurgiter est dangereux … La protestation des personnels de l’UGA face à ce très mauvais coup porté au statut de la fonction publique sera essentielle, une fois de plus.

 

Voir aussi:

* Communiqué intersyndical : L’austérité à l’UGA, pour nous c’est non !

* La déclaration liminaire de la FSU lors du CT de l'UGA du 15 février 2022
* Communiqué FSU: Chaires de Professeurs Juniors, Repyramidage, RIPEC: La FSU alerte sur ces dispositifs prévus par la LPR

* Déclaration intersyndicale CGT, CFDT, FSU, FO, Sud : NON aux « chaires de professeur junior », boycott du CT-MESR du 18 juin

* Dossier d'analyse CGT sur la LPR et les Chaires de Professeurs Junior

* Déclaration liminaire de la CGT FERC Sup au CT-U du 8 juillet 2021