Pouvons-nous encore nous exprimer sur la Palestine ?

 

Nous dénonçons l’annulation du colloque « La Palestine et l’Europe » et l’action du ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Espace (ESRE). 

Le ministre de l’ESRE foule aux pieds la liberté académique, entrave le travail des scientifiques et confond le débat scientifique avec le débat d’opinions. La FSU, le SNESUP-FSU et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ont déposé un référé contre cette annulation. Du fait de l’accueil de ce colloque dans un autre site, le tribunal administratif a rejeté la demande, mais sur le fond, le problème demeure : la liberté académique doit être respectée !

Le SNESUP-FSU, avec l’intersyndicale, dénonce l’intervention du ministre qui a débouché sur cette annulation scandaleuse. Cette intervention présupposant un “parti pris” relève d’une politique plus générale qui vise à museler toute expression sur la Palestine et Israël, jusqu’à vouloir interdire l’expression publique de chercheur·ses et enseignant·es-chercheur·ses sur ce sujet. Nous ne reculerons pas face aux intimidations ou aux pressions de toute sorte.

La liberté académique est indispensable à l’accomplissement du travail scientifique et une impérieuse nécessité en démocratie. Le SNESUP-FSU dénonce la gravité de cette attaque sans précédent et exige le respect et la défense de la liberté académique par les garants de nos institutions. Sans liberté académique, la quête de vérité recule, l’obscurantisme gagne du terrain et sert de marchepied aux idées réactionnaires. Le SNESUP-FSU, avec l’intersyndicale de l’ESR (voir l'appel ci-dessous), appelle toutes celles et tous ceux qui ont à cœur de défendre la liberté académique à se rassembler le 18 novembre à 17h devant le ministère à Paris et devant les rectorats à l’initiative des intersyndicales locales.

Consulter :
  • la lettre flash du SNESUP-FSU "Monsieur le ministre, respectez l’Université et la parole de l’État !" (voir ici).
  • le communiqué du SNESUP-FSU: " Le Colloque « la Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines » doit impérativement se tenir" (voir ici).
  • Le communiqué de l'intersyndicale de l'ESR: "Pour la défense des libertés académiques : le colloque « la Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines » se tiendra !" (voir ici). 

Le colloque s'est finalement tenu en ligne et il a été largement suivi. Il est disponible en vidéo à l'adresse suivante: https://carep-paris.org/

 

A l’UGA, la FSU dénonce le rejet par le Conseil d’Administration de la demande du CAC du 19 juin 2025 sur les collaborations avec les universités Israéliennes. 

Le Conseil Académique (CAC) de l'UGA du 19 juin a voté une motion demandant la suspension des contrats de collaboration avec des institutions de pays ne respectant pas la légalité internationale et suspectés de commettre des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Cette motion, très largement adoptée par le conseil académique (une voix contre), demandait au Conseil d'Administration (CA) de l'UGA, la suspension immédiate de tout contrat de collaboration avec Israël comme cela a été fait avec la Russie (voir ci-dessous).

Le conseil d'administration du 3 juillet 2025 s'est prononcé contre (par voie électronique).

Nous dénonçons l'action du président (qui a appelé à voter contre alors qu'il s'était engagé à suivre les avis du conseil académique) et l'usage du vote électronique (nous sommes opposés à la consultation des instances par voie électronique, hors situation exceptionnelle), mais nous considérons que la responsabilité de ce rejet revient bien sûr à tous les administrateurs qui ont voté contre, et en particulier aux listes qui ont retourné leurs votes entre le CAC du 19 juin et le CA du 3 juillet. 

Nous avons tenté d'organiser une réunion intersyndicale pour discuter de cette situation avec les autres organisations syndicales. Nous avons abordé cette question dans le cadre d’une rencontre entre la présidence et les organisations syndicales. Nous avons déposé un recours gracieux auprès de la présidence afin d’obtenir un nouveau vote qui se tiendrait en séance et non pas par voie électronique. Aucune de ces actions n’a pu aboutir à l’organisation d’un nouveau vote. Après le vote, le président nous a proposé de préparer ensemble une nouvelle motion sur le sujet, différente de celle du CAC, et dans laquelle toutes les universités ne seraient pas forcément ciblées de manière indiscriminée, mais nous avons refusé.

Comme le rappelle la chercheuse Maya Wind dans son ouvrage Towers of Ivory and Steel, les universités israéliennes sont étroitement liées au complexe militaro-industriel et participent au développement non seulement des technologies d’armement, mais aussi des doctrines, des justifications idéologiques et des moyens logistiques de l’expansion coloniale. Alors qu'Israël ne cesse de violer le cesser-le-feu et que la colonisation illégale continue en Cisjordanie, en violation du droit international, nous exigeons la rupture de tous les accords de coopération avec les universités israéliennes. Nous demandons la réalisation urgente d’un audit des liens entre nos établissements et les entreprises françaises de l’armement afin de faire cesser immédiatement toute collaboration avec celles qui collaborent avec Israël.

  • Lire l’appel du congrès du SNESUP-FSU "Pour une solidarité universitaire active avec la Palestine : rompre les complicités, défendre les droits, reconstruire l’avenir" (voir ici).
  • Lien vers le contenu de la motion du CAC du 19 juin 2025 (voir ici)
Erratum
Erratum: En juillet, le SNESUP-FSU a co-signé un peu vite ce communiqué sur le sujet. Nous souhaitons clarifier que nous n'avons pas d'éléments confirmant la moindre pression exercée sur les administrateurs. De même, nous pouvons difficilement pointer la responsabilité des extérieurs puisque le vote était anonyme (à notre demande). Concernant l'irrégularité supposée du vote organisé, nous n'avons pas de décision juridique dans ce sens et notre désaccord est davantage politique que juridique. Par contre, nous avons confirmation que certaines listes ont bien modifié leurs votes entre le CAC et le CA. Nous souhaitons aussi clarifier le fait que nous ne dénonçons pas le fait que le président ait refusé tout amendements en séance, le 3 juillet, puisque cela correspondait exactement au mandat de nos élu·es FSU : nous souhaitions éviter que le CA ne dénature la motion votée par le CAC.