Le projet de fusion des universités est lié d'une part au projet de COMUE (qui porte d'ailleurs le même nom, UGA) et d'autre part à l'IDEX qui vient d'être présélectionné, sans toutefois être exactement la même chose. Ce sont de gros projets impliquant des restructurations, des déplacements des centres de décision, de nouveaux circuits de fonctionnement. Mettre en place tout cela nécessite d'avoir des retours importants de la communauté pour que le maximum de situations soient prévues et correctement organisées.

À l'UJF, dans les conseils centraux, la volonté d'associer le personnel a toujours été affichée haut et fort. De fait, pratiquement tous les CA de cette mandature ont débuté par un point d'information et de discussion sur la COMUE et/ou la fusion et/ou l'IDEX. Cependant, l'UJF n'étant qu'un des établissements concernés, il n'était pas possible de prendre des décisions en séance, tout au plus de mandater le président pour qu'il porte des propositions.

Pour joindre et pour impliquer plus de personnes, quelques assemblées générales ont été organisées. La forme de ces assemblées était la suivante : chaque fois, l'équipe présidentielle présentait l'état du projet puis répondait aux questions de l'assemblée.

Mais où est la participation active du personnel dans ces projets ? Où ont été décidés et élaborés le fonctionnement et l'organisation de ces nouvelles structures ? Le fait est que le personnel y a principalement participé de manière indirecte et a surtout été sollicité sur les aspects techniques lors de la phase de l’état des lieux. Le personnel a élu un CA qui a élu un président qui, avec son équipe, a été le principal artisan de ces restructurations. Démocratie représentative diriez-vous ? À ceci près que les choix d’organisation puis les arbitrages et les compromis nécessaires ont été discutés puis décidés entre les exécutifs c’est-à-dire les équipes présidentielles des établissements. Ces choix n’ont pas été systématiquement discutés dans les groupes de travail et ils ont généralement été présentés devant les conseils centraux sans donner à ceux-ci aucune possibilité pratique d’infléchir les orientations ou de proposer des alternatives.

On pourrait invoquer en guise de bémol à ce constat déprimant le fait que, parfois, le personnel (les élus des conseils, les directeurs de composantes, de laboratoire, d'autres) a été mis plus fortement à contribution à travers des groupes de travail prenant en charge un point particulier. Pourquoi pas ? Il est souvent difficile de travailler de manière efficace avec un grand nombre de personnes. Cependant, ce genre de travail en petit groupe pose plusieurs questions concernant leur représentativité et leur capacité à envisager tous les cas de figure. Un groupe piloté par un meneur fort, charismatique, peut facilement rendre un compte-rendu présentant presque intégralement la position du meneur. Cela transparaît par exemple dans les textes produits par les groupes de travail de chacun des pôles de recherche de la COMUE. Les positions divergentes sont dues en partie au fait qu'il agit de communautés différentes avec des façons de fonctionner différentes. Mais pas uniquement ! La place de la démocratie dans le fonctionnement des pôles, la place des élus par rapport au bureau exécutif semble parfois représenter davantage la position de l'animateur du groupe de travail que celle de sa communauté.

Pour contrer ces travers, depuis le début, la FSU a demandé que chacun de ces groupes de travail mette à disposition de tous, de manière publique, par exemple à travers un site web dédié :

  • sa composition
  • sa lettre de mission
  • les dates de ses réunions
  • les ordres du jour de ses réunions
  • les compte-rendus de ses réunions

Ces demandes nous semblaient raisonnables et de fait, il a été promis assez rapidement de les satisfaire, y compris lors de l'Assemblée générale du 22 octobre 2013. Et pourtant, comme ce billet le montre, il n'en a pas été ainsi pour la création des pôles de recherche de l'UGA. Et depuis ?

Aussi bien le site Alfresco de construction de la COMUE (qui semble maintenant avoir disparu, remplacé par ce nouvel intranet) que celui de l'université fusionnée ou celui du nouveau site dédié exclusivement à la fusion montrent tous les trois que les informations proposées ne sont pas celles promises (attention, il faut être sur le réseau interne de l'université pour consulter ces sites). Dans le meilleur des cas, on y trouve une simple présentation a posteriori de l'état passé du projet. On est très loin du compte. Et surtout, rien pour un personnel qui désirerait s'impliquer, participer à la construction de manière active.

Pour la fusion, les conseils centraux des trois établissements ont récemment mis en place trois groupes de travail, comportant chacun neufs élus (trois de chaque université) :

  • un groupe de travail pour l'écriture des statuts
  • un groupe de travail pour les personnels chercheurs et/ou enseignants
  • un groupe de travail pour les personnels BIATSS

Dans le groupe Statuts (le seul des trois où la FSU de l'UJF est représentée), nous avons demandé de pouvoir diffuser largement les documents de travail pour recueillir le plus largement possible des avis de la communauté. En réponse, il a été explicitement demandé aux membres du groupe de ne pas diffuser les documents de travail. En raison du calendrier, le groupe formé fin mars n'a pu se réunir que trois fois (dont une première fois pour la simple mise en place du groupe) avant de devoir fournir un document final fin avril, pour envoi aux CT des établissements. Même l'inter-CA du 6 mai 2015 prévu pour discuter de ces statuts est arrivé en fait trop tard (après l'envoi des documents aux CT) pour pouvoir amender les statuts. Au delà des déclarations de principe, quelle participation large du personnel ce genre d'organisation permet-il dans les faits ?

À ce jour, aucun des trois groupes constitués n’a produit de compte-rendu de réunion, les groupes RH enseignants et BIATS se sont réunis une fois, et nous attendons toujours que la réunion de concertation sur les contractuels et les précaires soit programmée. Là encore, la participation du personnel aura été très limitée : très peu de personnes (même si ce sont des élus, donc porteurs de mandats du personnel) auront contribué, et en petit comité.

Alors, à l'heure du web 2.0 dans une université d'ambition numérique, où sont les wikis permettant de travailler de manière collaborative sur des textes en toute transparence ? Où sont les forums permettant de discuter les différentes orientations possibles et les différentes organisations possibles, avant que les décisions soient prises ? Et puisque visiblement nous n’avons en fait pas dépassé le stade du web 1.0, où sont les simples sites web présentant les documents de travail ainsi que les décisions prises accompagnées des explications/compromis qui feront que ces décisions pourront être élaborées par le personnel puis comprises par lui ? Pas disponibles non plus ? Finalement, ce projet de fusion est-il en réalité un triste exemple de web 0.1 ?