Nous nous étonnons de cette promptitude présidentielle à lancer une consultation aussi vaste, alors que des questions majeures, aux conséquences tant immédiates qu’à long terme, telle la fusion des universités grenobloises, n’ont jamais donné lieu à la moindre consultation préalable des personnels ; de même nous attendons toujours la mise en œuvre des préconisations de la conférence sociale(1) de juin dernier.

Nous nous étonnons également du sujet de cette consultation, alors que les questions de fond posées par la loi ORE, par le dispositif ParcourSup et par les conditions de leur mise en œuvre dans notre université n’ont jamais été largement débattues à l’initiative de la présidence. Nous reviendrons en détail dans un prochain message sur le fonctionnement de ParcourSup, les raisons de notre opposition à son application et les éléments d’information et de prise de position que nous attendons du président d’université.

 

Concernant la consultation annoncée, nous tenons à en souligner les nombreux biais, qui en décrédibilisent d’ores et déjà les résultats.

 

1) Toute la communication de la Présidence de l’UGA, depuis trois semaines, concernant les mobilisations sur le campus est marquée par les mêmes procédés, bien connus, qui ont pour effet d’infléchir l’opinion de ceux qui la reçoivent

 

le mensonge par omission

  • Alors que tous les témoignages indiquent que l’intrusion du colloque Frontex le 22 mars n’a été marquée d’aucune violence physique de la part des manifestants et que les dégradations matérielles ont été fort limitées, le président de l’UGA s’est bien gardé de communiquer sur (et encore moins de condamner) la violence policière bien réelle, qui a envoyé 4 personnes à l’hôpital ou de faire savoir que la réquisition des forces de l’ordre résultait de sa demande(2).

  • Alors que les blocages votés par l’AG étudiante du 12 avril sont dénoncés dans le message diffusé le lendemain en fin de journée , il n’est pas dit que les étudiants mobilisés présents ce matin là, devant les bâtiments fermés du DLST, ont été pris à partie par quelques étudiants échauffés, encouragés par le directeur du DLST lui-même et que les syndicalistes FSU présents se sont interposés pour éviter les violences et ont permis ainsi aux étudiants de poursuivre leurs échanges sous forme de discussions.

l’exagération

Le message relatif à l’envahissement du bâtiment de la présidence n’hésite pas à qualifier de « dégradations multiples » les boules puantes et poubelles renversées ; il va même jusquà affirmer que le bâtiment « a été saccagé » et que le lendemain matin « Les personnels, constatant l'importance des dégâts, sont sous le choc. » Pourtant, les représentants syndicaux présents dans ces mêmes locaux à 14h pour une réunion préparatoire aux élections professionnelles n’ont aperçu que quelques traces de peinture fraîche recouvrant probablement les graffitis et constaté que les personnels semblaient vaquer très normalement à leurs occupations.

la suggestion

  • Evoquer ce qui pourrait se passer est un procédé bien connu pour susciter un climat de tension et de peur. Ainsi, dans le message sur le bâtiment de la présidence est-il écrit « laissant courir le risque d'une occupation prolongée la nuit, de dégradations plus importantes et de dangers pour le bâtiment lui-même » alors que plusieurs heures avant de le diffuser, le président savait pertinemment que ses derniers occupants avaient spontanément quitté le bâtiment.

  • User d’accusations vagues mais évocatrices est une autre technique fréquemment employée : ainsi, le message du 13 avril mentionne que des personnels ont été « affectés par l'attitude des bloqueurs qui ont usé d'intimidation et d'invectives verbales soutenus, à mon grand étonnement, par certains représentants syndicaux. » sans préciser où, quand et qui !

    En revanche, nous pouvons fournir des preuves indiscutables des invectives et des injures que le directeur du DLST emploie à l’égard des étudiants et des personnels mobilisés, via les réseaux sociaux !

l’amalgame

Par exemple, le message concernant l’occupation du bâtiment de la Présidence le 4 avril se garde de bien de préciser que la très grande majorité des étudiants qui ont occupé le bâtiment n’était ni masquée ni cagoulée et qu’elle a spontanément quitté les lieux en fin d’après-midi, conformément au mandat de l’assemblée générale étudiante.

l’argument d’autorité

  • Les messages issus de la présidence de l’université sont, par nature, perçus comme des messages d’autorité, cet effet étant d’autant plus marqué, que leur ton est alarmiste et autoritaire.

  • Pour renforcer encore la conviction des personnels que le point de vue de la présidence est largement partagé, celle-ci a diffusé un message présenté comme l’expression unanime des directeurs de composantes, alors même que les signataires de ce message ne sont pas explicitement listés. Ajoutons qu’il est de notoriété publique que certains, tel le doyen de l’UFR de droit, ont déjà pris position contre l’utilisation de ParcourSup.

  • L’usage de l’autorité est également employé à l’égard des étudiants, par le directeur du DLST déjà évoqué pour ses messages très violents. Ainsi a-t-il envoyé un courriel à tous les étudiants du DLST pour les inciter à participer à l’AG étudiante du 12 avril et, ce qui témoigne du mépris de la déontologie la plus élémentaire, pour leur demander de voter contre le blocage.

2) La modalité de consultation annoncée (question unique, imposée, strictement ciblée, soumise à tous, sous forme d'un vote électronique) est en elle-même une forme de manipulation.

Elle sous-entend que seule cette consultation électronique permettrait à tous les étudiants et tous les personnels de s’exprimer démocratiquement. Nous répondons

  • que les débats ouverts en AG, permettent de définir collectivement les problèmes à traiter et la formulation des questions à mettre au vote ; celles-ci concernent à la fois le fond (pourquoi ?) et la forme (comment ?) de la mobilisation ; c’est beaucoup plus démocratique qu’une consultation électronique sur une question imposée, qui ne vise qu'une modalité d'action ;

  • que les échanges en AG, entre « pour » et « contre », en amont des votes, permettent des votes « éclairés », si bien que leurs résultats sont nettement plus significatifs que ceux d’une consultation électronique « obscure » ;

Elle considère que les personnels peuvent légitimement se prononcer sur les moyens d’action mis en œuvre ou envisagés par les étudiants :

  • que penseriez-vous de demander aux étudiants de se prononcer sur les modalités d’action (les grèves notamment) des personnels ?

  • dans ce cas précis, il serait même demandé leur avis à des personnels (du polygône, du site santé...) qui ne sont nullement touchés par les blocages de bâtiments du campus !

  • Elle feint d'ignorer que le vote électronique est une modalité hautement discutable, qui n’est d’ailleurs pas mise en œuvre dans les élections universitaires (conseils centraux et locaux, élections professionnelles) tant elle est peu propice aux discussions collectives, sujette aux pressions lors du vote lui-même et susceptible de donner lieu à des résultats suspects, car ne permettant pas de contrôle démocratique pour garantir leur fiabilité.

 

En conclusion, la FSU s'oppose à la consultation appelée par le président de l'UGA,
dont le contenu, les modalités et le contexte ne peuvent aboutir
qu’à des résultats biaisés, non démocratiques et non représentatifs.

 

(1) Suite aux nombreuses alertes du CHSCT et du CT et au questionnaire « Qualité de Vie au Travail », qui avaient pointé de nombreuses dégradations des conditions de travail et de l’organisation des services engendrées par la fusion, la conférence sociale de l’UGA a réuni en juin 2017 des représentants de l’administration, des élus des instances centrales et des représentants des composantes de l’UGA. Son objectif était de faire un état des lieux des difficultés et de proposer des modalités pour y remédier par la définition d’une feuille de route sur la qualité de vie au travail pour les années à venir.

(2) Source : article Violences lors du colloque "Frontex" sur le campus : étudiants et enseignants réclament une enquête | Place Gre'net - Place Gre'net.