Dans les lettres envoyées le 27 octobre 2017, Lise Dumasy, présidente de l'UGA, prétend qu'il n'y aura pas de véritable fermeture des bibliothèques de composantes. Pourtant, le jour même, cette dernière affirmait publiquement au conseil d’administration de l’UGA (au cours duquel une soixantaine d'étudiant.e.s, mandaté.e.s par l'AG de l'ARSH se sont invité.e.s) sa volonté de déplacer une partie des fonds documentaires vers les bibliothèques centrales. L'objectif est de vider ces espaces afin d'y aménager des salles de travail (box individuels ou collectifs avec prises et écrans). Venant de l’UGA, le maniement de la langue de bois n'est pas nouveau, et nous ne sommes plus à un mensonge près. Voici donc notre réponse.

Nous affirmons d’une part, que quels que soient les mots employés (« reconversion », « évolution » , « transformation »…), une bibliothèque sans livres n’est plus une bibliothèque. D’autre part, même si nous attendons des précisions quant à la proportion du fonds documentaire actuel des bibliothèques de composantes (fonds documentaire de l’ARSH = 50 000 ouvrages), que l'UGA souhaite déplacer, nous avons d'ores et déjà la ferme volonté de conserver nos bibliothèques en l'état.

Ces dernières nous permettent en effet de bénéficier d'un cadre de travail fonctionnel et d'une proximité avec les ouvrages. Conserver des fonds au plus près des usagères et usagers, n’est certainement pas un « luxe » (terme employé par Mme Dumasy dans sa lettre), ni un confort superficiel ou un privilège. Cette proximité avec les ouvrages apparaît bien au contraire comme une véritable nécessité pédagogique si l'on veut assurer et pérenniser « l'excellence » tant vantée de nos filières. Ces espaces permettent de lutter contre l'abandon en première année, en valorisant notamment un cadre qui permet à tout un chacun de s'approprier ses lieux de travail, grâce à un personnel compétent à l'écoute et des formations ciblées.

La présidente évoque en outre des arguments budgétaires pour justifier le projet de fermeture des bibliothèques. Nous tenons à rappeler que, si nous prenons pour exemple le budget de fonctionnement de la bibliothèque de l’ARSH (bien que les étudiant.e.s de l'ARSH ne soient pas seul.e.s à s'opposer au projet de la direction) ce dernier s'élève seulement à 8 000 euros par an, alors que l'actuel déficit budgétaire de l'Université est de l'ordre de 500 000 euros. Même cette dernière somme paraît bien maigre face aux 800 000 euros que coûtera l’abonnement numérique ELSEVIER en 2018. Il est donc bien inférieur au coût de l'abonnement aux bouquets d'ELSEVIER.

Nous appelons donc la présidence à prendre ses responsabilités. D'autres universités ont commencé à s'opposer avec courage au racket organisé par cette entreprise (voir le récent appel de Jussieu). Voilà pourquoi nous demandons à l’UGA de résilier ces abonnements qui ne sont pas strictement nécessaires aux chercheu.r.se.s et aux étudiant.e.s qui ont d'autres moyens d’accéder aux mêmes ressources. Il devient urgent de promouvoir d’autres solutions qui favorisent le libre accès aux ressources numériques nécessaires au travail scientifique.

Madame Dumasy affirme par ailleurs que « l'environnement des bibliothèques évolue, et qu'il est nécessaire d'adapter nos équipements à l'évolution des usages », ce qui nous amène à nous demander : comment est-ce que les responsables de l'UGA s'y prennent pour estimer et comprendre l'évolution des usages? Les responsables de la politique documentaire de l'UGA nous semblent totalement déconnecté.e.s des réalités étudiantes, et semblent être dans une optique gestionnaire plutôt que dans une véritable prise en compte de nos besoins. Il est aussi annoncé dans cette même lettre que le « processus de transformation sera étalé dans le temps » et qu'il « s'appuiera sur une étude sur les usages, qui associera les usagers ». Il convient alors de rappeler à l'UGA que nombre d'étudiant.e.s et enseignant.e.s de l'ARSH ont déjà exprimé leur refus de voir cette bibliothèque être « transformée » en espace numérique de travail. Une pétition, que l'UGA a indiqué avoir trouvée « blessante », a déjà été écrite et signée par des personnels et étudiant.e.s durant le printemps 2017. Ils se sont de même massivement rendu.e.s à l'assemblée générale de l'ARSH ou ils ont pris l’initiative de venir directement à la rencontre de la direction, s'invitant au conseil d'administration de l'UGA. A cette occasion, la présidence à décider d'appeler la police, alors même que ni agressions, ni dégradations n'ont été commises. Les usagères et usagers ne se sont-ils pas d’ores et déjà prononcé.e.s contre ce projet de transformation de leur outil de travail? Quelle preuve supplémentaire de notre désaccord faut-il apporter aux gestionnaires de l’UGA ?

Les lettres envoyées par la présidence affirment que le travail de « reconversion » des bibliothèques est fait main dans la main avec les conseils d'UFR. Madame Dumasy ne semble pas comprendre que certains de ces conseils, comme celui de l'ARSH, ont exprimé leur refus de collaborer. Elle ne semble percevoir le « dialogue » que comme l'application coercitive d'une volonté gestionnaire. L'objectif n'est jamais de négocier, mais d'ordonner jusqu'à ce que les différent.e.s « partenaires » finissent par plier. Elle a également insisté, lors du Conseil d'Administration, vouloir travailler avec les étudiant.e.s aux seins de « focus groups » sur le sujet. Il est à se demander si la présidence ne chercherait pas plutôt à orienter les discussions dans le sens qui l'arrange, en l'amorçant préalablement plutôt que d'écouter les usagères et usagers et de prendre en considération leurs refus et leurs modes d'organisation tels que l'Assemblée Générale démocratique. Par nos actions, ainsi que par ce communiqué, nous affirmons notre détermination à poursuivre cette lutte contre la fermeture de nos bibliothèques, ainsi que contre toutes les attaques faites à nos conditions d'études dans le cadre de politiques d'austérité que nous n'aurons de cesse de refuser.