Faire rimer équité et déontologie
avec COMUE et IDEX … est-ce possible ?

Cela fait bientôt 2 ans que les syndicats de la FSU interpellent les directions de la COMUE et des établissements grenoblois, lors des rencontres avec les organisations syndicales et via les interventions de leurs élu.e.s dans les conseils, sur les principes et modalités de répartition des moyens (ceux de l’IDEX en premier lieu) et soulignent à quel point les soucis de l’équité et de la déontologie semblent marginaux, pour ne pas dire oubliés, dans l’énorme machine des appels à projets pléthoriques mise en route depuis 2016 (cf. les lettres FSU n°2, 3, 4, 5, 8, 11 disponibles sur notre site).

Alors que

  • l’appel à projets de recherche CDP2017 entre dans la phase d’évaluation, après une édition 2016 marquée par des dysfonctionnements tels que le SNESUP-FSU a engagé un recours au tribunal administratif,

  • les résultats de l’appel à projets EUR contribuent à amplifier les effets de concurrence et de déséquilibre entre champs disciplinaires (6 projets déposés par les Pôles, 1 seul projet retenu, celui du Pôle Chimie, Biologie, Santé),

  • des changements dans les équipes de direction de l’INP, de l’UGA et de la COMUE sont engagés ou se préparent à très court terme (dont le projet d’échange en janvier des présidences COMUE et UGA),

il nous a paru opportun de reposer ces questions en y ajoutant quelques éléments de bilan (rassemblés par nous, faute d’informations à ce sujet, pourtant souvent demandées, de la part de la COMUE).

Petit bilan de 2 ans d’appels à projets IDEX

▶▶ Formidable ? Le meilleur ou le pire ?(1)

Selon les données du site de la COMUE, en mars 2017, donc un an après le lancement de l’IDEX,16 appels à projets répartis en 5 volets (recherche et valorisation, formation, international, vie étudiante et rayonnement social et culturel) avaient recueilli 454 dossiers de candidature et aux 86 projets sélectionnés avaient été alloués 15 millions d’euros (budgets pluriannuels).

▶▶ Petit calcul approximatif sur le temps de travail

Supposons que les temps de préparation et d’évaluation des projets soient analogues, et attribuons un temps de travail moyen de 50h par projet (de la dizaine d’heures pour les « petits » projets, type IRS, à la centaine – probablement beaucoup plus – pour les « très gros » projets type CDP). Notre calcul optimiste et partiel car n’intégrant pas le temps d’accompagnement (communication, administration) conduit à 23 000 h de travail, soit 14 années d’activité à temps plein (un tiers de carrière !) pour un an d’appels à projets IDEX.

▶▶Des moyens alloués (2016-17) extrêmement variables

- selon la nature des projets : plus de 14 M€ pour la recherche, cinq fois moins pour l’enseignement et moins de 500k€ pour la vie étudiante et culturelle ;
- selon les champs disciplinaires : les sciences dures (notamment santé et informatique) se taillent la part du lion en recherche, et c’est également vrai en formation où les trois quart des projets financés concernent des formations scientifiques de l’UGA et/ou de l’INP et seulement un petit quart des formations des domaines SHS et langues.

Bien sûr il y a souvent beaucoup d’enthousiasme derrière ces projets, de nouvelles connexions, des initiatives excitantes… mais, en considérant les taux de succès effectifs, voire l’habillage en projets de demandes financières jusque là récurrentes, combien d’énergie gaspillée et de temps perdu ?

▶▶ Qui pense vraiment qu’il n’y a pas trop d’appels, que cette compétition est stimulante, qu’elle profite à tous grâce à une sélection équilibrée de projets avant tout collectifs ?

En mai dernier nous avons rencontré les responsables du site (président de la COMUE et de l’IDEX, directions de l’UGA et de l’INP), et nous leur avons demandé d’arrêter les appels à projets le temps d’en faire le bilan. 6 mois plus tard, la mécanique des appels tourne toujours à plein régime.

▶▶ A quand un audit des appels à projet ? Quand prendra-t-on réellement au sérieux l’hypothèse d’un autre fonctionnement collectif – non guidé par la pseudo logique de l’excellence, de la mise en concurrence de tous contre tous et des appels à projets à tout crin – sur le site grenoblois ? (2)

 

(1) Cf. notre communiqué lors de l’annonce de l’attribution de l’IDEX

(2) Il est pourtant écrit dans la présentation du projet IDEX par P. Lévy : « nous devons poursuivre nos efforts, utiliser notre aptitude à la coopération qui a gommé les effets délétères de la compétition interne parfois présente par le passé, et mettre en œuvre la trajectoire collective que nous nous sommes donnée ».

Appel à projets CDP2017 : quelles garanties de respect des règles éthiques ?

▶▶ Les règles de la « Charte déontologie » de la COMUE ont été bafouées lors de l’évaluation des projets CDP2016 : le président de la COMUE, Patrick Lévy, y a participé, alors qu’il était pourtant directement lié, par son activité scientifique, à un des porteurs de projet (100 publications communes ces 5 dernières années !). Interpelés à ce sujet, lui-même et la présidente de l’UGA ont à plusieurs reprises affirmé que les règles de non-conflit d’intérêt avaient bien été respectées.

▶▶ Nous les interrogeons dans cette lettre ouverte sur la règle qui s’appliquera pour la sélection du CDP2017.

Celle qu’impose le « code de conduite », ou celle du précédent créé par les conditions de l’évaluation du CDP2016 qui ont été de facto approuvées par ces deux présidents.

▶▶ Tous les collègues impliqués dans des projets scientifiques au sein de la COMUE UGA ont droit aux garanties qui s’imposent en matière de respect des règles éthiques applicables à l’évaluation scientifique, au premier rang desquelles la garantie du respect du principe d’impartialité.

Nous contacter

fsu@univ-grenoble-alpes.fr

Nous suivre

https://twitter.com/FSUUnivGrenoble

En savoir plus

www.fsu-univ-grenoble.fr

Vous syndiquer

SNESUP, SNASUB, SNCS, SNEP