Une université sans moyens ...

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... ça marche à Grenoble ???!!! pisode n°1)

Le travail, parlons-en !

▶▶ Sens et place du travail dans la société ?
Cette réflexion n’est évidemment pas déconnectée de la question des moyens dont nous avons besoin pour travailler, question au coeur de cette lettre FSU. Nous vous invitons à participer au 3ème atelier organisé sur ce thème, qui portera sur « Questions posées par les choix économiques du président Macron »

le 9 novembre de 14h à 16h à l’amphi 3 (galerie des amphis)

 

Des cours sans profs, ça marche à Grenoble

...

et si on y regardait de plus près ?

▶▶ Qu’en pensent les collègues de l’UFR STAPS(*), directement concernés par cette affirmation propagée par de nombreux articles parus depuis la rentrée (**?
Le modèle de « cours numériques », mis en place pour la 4ème fois par l’UFR STAPS dans la moitié des enseignements de L1 est présenté comme une innovation pédagogique très intéressante pour les étudiants qui, de plus, permet de faire face à l’augmentation des effectifs. Alors qu’un « groupe de travail » sur les STAPS s’est réuni au niveau national, ce modèle pourrait être généralisé tant ses avantages sont mis en valeur (cf. la note sur le rapport Filâtre ci-après).
Mais quelle partie du modèle veut-on généraliser ? Le modèle pédagogique, qui se résume chez certains journalistes par « des cours sans profs, ça marche à Grenoble » ou le modèle de gestion économique de la pénurie ?

Voici quelques éléments moins médiatisés…

1- Un « non choix »
Rappelons d’abord que ce dispositif a été mis en place par les enseignants en urgence pendant l’été 2014 confrontés par manque de moyens à un « non choix » : refuser certains bacheliers par tirage au sort ou accueillir plus d’étudiants à moyens constants…

2- Réduction des horaires d’enseignement présentiel (***)
Les étudiants de L1 ont vu le nombre d’heures « de présence en cours » réduit de moitié (souvent un seul cours par jour !). Les conséquences sont multiples : rythme de travail, interactions sociales, abandon du logement sur Grenoble…
Tous les Cours Magistraux (CM) des UE concernées ont été supprimés et remplacés par des Cours Numériques (CN) face à un ordinateur (estimés à 10 h par semaine) ; des heures de Travaux Dirigés (TD) ont également été supprimées : ainsi le volume horaire présentiel des 7 matières scientifiques est passé de 30h (CM+TD) à 12h(**). Si des heures de soutien en petits groupes sont proposées aux étudiants volontaires, cela n’a concerné en 2016-17 qu’environ 50 étudiants sur les 750 inscrits en L1 STAPS!

3- L’évaluation dans le modèle grenoblois actuel
Face à la réduction du présentiel, la nécessité de suivre les étudiants de L1 s’est traduite par une multiplication du nombre d’évaluations des étudiants au détriment du temps de formation. Ces évaluations prennent souvent la forme de QCM sur « zapettes », automatiquement corrigées par un logiciel, au détriment des épreuves favorisant l’élaboration de la réflexion à l’écrit. Cette transformation de la nature et de la place des évaluations soulève actuellement de fortes interrogations relatives notamment à la nature des compétences développées par les étudiants.

4- La question des moyens en L1 : reportée en L2 et L3
Les « sacrifices concédés » en L1 (diminution du présentiel) devaient permettre de « mieux travailler » en L2 et L3 (grâce à une augmentation des heures de TD et TP). Mais, du fait de l'afflux d'étudiants, la question des moyens se pose désormais en L2 et en L3…

Ainsi, si l’utilisation du numérique peut représenter un des outils favorables à la réussite des étudiants, le modèle grenoblois ne pourra être considéré comme une nouvelle forme de pédagogie que lorsque des moyens suffisants et pérennes (notamment en heures de présentiel et en postes de personnels titulaires) lui seront alloués. En attendant, il est très inquiétant que ce dispositif soit avant tout médiatisé comme un modèle pédagogique alors qu’il s’agit surtout d’un outil de gestion de la pénurie de moyens de l’université.

(*)Ce texte est le fruit d’une réflexion collective d’enseignants de l’UFR STAPS de Grenoble à l’initiative de la FSU (SNEP- SNESUP).
Pour aller plus loin, voir l’article plus complet en ligne sur le site FSU-UGA.
(*) France Bleu Isère, le 28/08 ; France Info, le 14/09 ; Le Monde, le 19/09 ; L'Agence France Presse, le 22/09 ; article de P. LEVY dans la lettre d’info UGA oct 2017 ; Article BFMTV le 19/10 ; Article du Dauphiné libéré le 25/10.
(**) Le modèle d’origine de «pédagogie inversée » ne prévoit aucune réduction d’heures en présence d’enseignant car ces séances sont indispensables à la « mise en application » des connaissances étudiées AVANT le cours. En L1 STAPS, 8 séances (dites « de régulation ») sont prévues, par semestre, dans chaque matière : 4 en petits groupes (25) et 4 en grands groupes (50).

Des cours sans profs,

...

au niveau national aussi ?

▶▶ Ce n’est pas du tout un hasard si ce modèle a été aussi abondamment médiatisé. Il arrive à point nommé pour le ministère ! Lors du CNESER du 23 octobre, toutes les organisations syndicales ont relevé l'insuffisance du budget au regard des enjeux et défis auxquels est confrontée l'université. L'accroissement des effectifs étudiants correspond, de fait, à la création, tous les ans d'une université telle celle de Bordeaux !

Suite aux groupes de travail ministériels réunis cet automne, le rapport du recteur Filâtre, présenté lors de la même séance, fait 17 préconisations à la ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche pour dégager des alternatives au tirage au sort. Les nouvelles pédagogies, via le numérique notamment, en font partie. Une mise en œuvre comme en STAPS à Grenoble serait une solution bon marché pour faire passer l'augmentation de la charge universitaire, sans augmentation de budget significatif. Sans profs, avec des cours en ligne sur smartphone, l’université sera clairement moins coûteuse !

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