Budget 2013
Par DiP le vendredi 18 janvier 2013, 11:00 - Conseils Université Joseph Fourier - Lien permanent
L'ordre du jour (pléthorique) du CA du 11 décembre 2012 comprenait un point intitulé VII - Affaires financières 7.3. Budget 2013 UJF et de ses établissements rattachés. Après une présentation détaillée de la situation par le VP CA Konstantin Protassov, les élus FSU ont lu la déclaration suivante :
Les administrateurs FSU de l'université Joseph Fourier ont pris connaissance des données relatives à la préparation du budget 2013 soumises au CA le 11 décembre 2012.
Ils constatent qu'aujourd'hui, l'État ne compense pas la totalité des charges transférées aux établissements dans le cadre des « responsabilités et compétences élargies » (RCE). Ainsi, le « glissement vieillissement technicité » (GVT) pèse déjà lourdement sur le budget de l'établissement, à hauteur de près de 950.000 euros en 2012, et cette charge est destinée à s'aggraver mécaniquement chaque année. Également, des ponctions importantes dans les réserves de précaution sont imposées à l'établissement. Indépendamment des problèmes conjoncturels rencontrés pour élaborer le budget 2013 de l'UJF, c'est la pérennité des missions de service public de notre université, comme de beaucoup d'autres en France, qui est menacée.
Dès lors, les administrateurs FSU de l'UJF déclarent qu'ils apportent leur soutien à la démarche dite des « quatorze présidents d'université » ; qu'ils souhaitent que le CA demande instamment au gouvernement de compenser en totalité les charges dues au transfert de la masse salariale réalisé lors du passage aux RCE ; et qu'ils voteront contre le projet de budget 2013.
S'en est suivi un débat entre les administrateurs et la présidence ainsi qu'entre les administrateurs eux-mêmes, au cours duquel des analyses surprenamment convergentes (mais ne menant malheureusement pas chez tous aux mêmes conséquences pratiques) de la situation des universités en général et de celle de notre établissement en particulier ont été exposées. Le quorum étant atteint, on est finalement passé au vote et le budget 2013 a été adopté avec 6 votes contre.
Passons à l'explication de texte.
Comme l'expliquait la déclaration lue en séance et comme développé pendant le débat qui a suivi, les élu.e.s de la liste FSU ont voté contre le projet de budget 2013 car l’État a transféré aux universités la gestion des personnels titulaires sans l’accompagner d’une dotation budgétaire correspondant aux charges : GVT non compensé, CAS pension non assumée. Ainsi, le budget prévisionnel 2013 de l’UJF a donc été voté alors que le ministère ne décidera qu’en janvier la part de la prise en compte du GVT. En contrepartie, l’État augmente la fragilité des établissements en diminuant le nombre de jours pendant lequel le fonds de roulement lui permet de continuer à fonctionner et en encourageant le recours à des financements extérieurs. L’augmentation, à terme massive, des frais d’inscription accompagnée d'une dépendance accrue aux entreprises privées ne sont pas pour nous des solutions acceptables.
Commentaires
Pourriez-vous développer vos craintes concernant la dépendances aux entreprises privées ("L’augmentation, à terme massive, des frais d’inscription accompagnée d'une dépendance accrue aux entreprises privées ne sont pas pour nous des solutions acceptables.) et comment les frais d'inscriptions, réglementés par l'état et surveillés attentivement par les syndicats étudiants, pourraient être massivement augmentés?
La situation à laquelle nous sommes confrontés en terme de budget est extrêmement délicate : à partir d'un budget déjà en tension, l'université reçoit de nouvelles missions sans tous les financements afférents, et ne reçoit pas l'argent permettant de suivre l'augmentation des salaires à l'ancienneté de ses agents (c'est le fameux GVT). Ceci a déjà des conséquences depuis plusieurs années (gels de postes d'enseignants-chercheurs notamment) qui détériorent la capacité de recherche et d'enseignement de notre établissement.
À moyen terme, si nous ne pesons pas pour une amélioration de la politique budgétaire du gouvernement, soit l'université continuera dans cette voie en gelant plus de poste, en fermant plus de formation et en finançant moins sa recherche, soit elle devra trouver de nouvelles sources de financement. Or, les deux sources possibles qui ont été abondamment discutées ces dernières années sont les fondations abondées par des fonds privés, et l'augmentation des frais d'inscription.
Comme vous le soulignez, ce ne seraient pas des mesures simples à mettre en place pour un gouvernement, mais si les budgets dérivent trop elles pourraient finir par être considérées comme indispensables pour redresser la situation. Il nous semble donc important d'anticiper ces évolutions possibles mais pas inévitables.
Bonjour Cyril,
"Frais d'inscriptions, réglementés par l'état et surveillés attentivement par les syndicats étudiants" : oui, mais.
Oui : aujourd'hui le cadre légal empêche de faire exploser les frais d'inscription.
Mais :
(1) Aucun cadre légal n'est immuable.
(2) Une stratégie qui a déjà fait ses preuves dans d'autres contextes est de forcer les acteurs eux-mêmes (nous) à mettre en place le dispositif nouveau. Pour cela, organiser la pénurie (voir les explications de Benoît) est très efficace. Faire jouer la concurrence entre filières également.
(3) Une autre stratégie éprouvée consiste à installer des cursus "excellents", payants, en sus des cursus "de base", gratuits ou presque. LicencEx, MastEx, ça fait joli, non ?
Et là, que veux-tu que les syndicats étudiants fassent, puisque la version "de base" sera toujours disponible ? Bonne chance à eux pour expliquer qu'ils s'opposent à une offre supplémentaire de formation...
Au cas où l'inventivité ébouriffante de ces perspectives te laisserait béat d'admiration, je dois t'avouer une chose : certaines d'entre elles ont déjà été évoquées en CA, certes au cours de discussions informelles entre administrateurs, mais tout de même. Et les membres du CA qui ont cru bon de réagir en rappelant les missions de service public que toute université, dont l'UJF, se doit de remplir, n'ont pas été nombreux.